Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
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Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
Pour Gavroche, dont voici le portrait ébauché par Monsieur Victor Hugo:
Gavroche
Huit ou neuf ans environ après les événements racontés dans la deuxième partie de cette histoire, on remarquait sur le boulevard du Temple et dans les régions du Château-d'Eau un petit garçon de onze à douze ans qui eût assez correctement réalisé cet idéal du gamin ébauché plus haut, si, avec le rire de son âge sur les lèvres, il n'eût pas eu le cœur absolument sombre et vide. Cet enfant était bien affublé d'un pantalon d'homme, mais il ne le tenait pas de son père, et d'une camisole de femme, mais il ne la tenait pas de sa mère. Des gens quelconques l'avaient habillé de chiffons par charité. Pourtant il avait un père et une mère. Mais son père ne songeait pas à lui et sa mère ne l'aimait point. C'était un de ces enfants dignes de pitié entre tous qui ont père et mère et qui sont orphelins.
Cet enfant ne se sentait jamais si bien que dans la rue. Le pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère.
Ses parents l'avaient jeté dans la vie d'un coup de pied. Il avait tout bonnement pris sa volée.
C'était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l'air vivace et maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la « fayousse », grattait les ruisseaux, volait un peu, mais comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l'appelait galopin, se fâchait quand on l'appelait voyou. Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre. [...]
Gavroche
Huit ou neuf ans environ après les événements racontés dans la deuxième partie de cette histoire, on remarquait sur le boulevard du Temple et dans les régions du Château-d'Eau un petit garçon de onze à douze ans qui eût assez correctement réalisé cet idéal du gamin ébauché plus haut, si, avec le rire de son âge sur les lèvres, il n'eût pas eu le cœur absolument sombre et vide. Cet enfant était bien affublé d'un pantalon d'homme, mais il ne le tenait pas de son père, et d'une camisole de femme, mais il ne la tenait pas de sa mère. Des gens quelconques l'avaient habillé de chiffons par charité. Pourtant il avait un père et une mère. Mais son père ne songeait pas à lui et sa mère ne l'aimait point. C'était un de ces enfants dignes de pitié entre tous qui ont père et mère et qui sont orphelins.
Cet enfant ne se sentait jamais si bien que dans la rue. Le pavé lui était moins dur que le cœur de sa mère.
Ses parents l'avaient jeté dans la vie d'un coup de pied. Il avait tout bonnement pris sa volée.
C'était un garçon bruyant, blême, leste, éveillé, goguenard, à l'air vivace et maladif. Il allait, venait, chantait, jouait à la « fayousse », grattait les ruisseaux, volait un peu, mais comme les chats et les passereaux, gaiement, riait quand on l'appelait galopin, se fâchait quand on l'appelait voyou. Il n'avait pas de gîte, pas de pain, pas de feu, pas d'amour ; mais il était joyeux parce qu'il était libre. [...]
bécassine- Messages : 2283
Date d'inscription : 27/05/2013
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
Merci pour cette belle description!!
paquerette- Messages : 406
Date d'inscription : 27/05/2013
Age : 52
Localisation : Paris
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
Pseudos revelateurs?
Je suis très touché par ce portrait, tellement que je me suis promis de relire ce bouquin!!
Je suis très touché par ce portrait, tellement que je me suis promis de relire ce bouquin!!
gavroche- Messages : 1677
Date d'inscription : 31/05/2013
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
tu as raison superbe livre!!!
perso je suis fan de zola que je lisais enfant...je crois que je v faire comme toi m'y remettre..la litterature et la poésie guerissent les maux grâce aux poids des mots qui portent au delà du réel... enfant après de graves évenements successifs...les livres ont été salvateurs pour moi... et je crois pour que nos petits peuvent aussi y trouver du réconfort...merci gavroche...
perso je suis fan de zola que je lisais enfant...je crois que je v faire comme toi m'y remettre..la litterature et la poésie guerissent les maux grâce aux poids des mots qui portent au delà du réel... enfant après de graves évenements successifs...les livres ont été salvateurs pour moi... et je crois pour que nos petits peuvent aussi y trouver du réconfort...merci gavroche...
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
Vous avez aimé la description de Gavroche, découvrez celle de Cosette:
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie... Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelotait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre.
Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer.
Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte. La crainte était répandue sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte ; la crainte ramenait ses coudes contre ses hanches, retirait ses talons sous ses jupes, lui faisait tenir le moins de place possible, ne lui laissait de souffle que le nécessaire, et était devenue ce qu’on pourrait appeler son habitude de corps, sans variation possible que d’augmenter. Il y avait au fond de sa prunelle un coin étonné où était la terreur.
Extrait des Misérables (Deuxième partie, Livre troisième, chapitre VIII) de Victor Hugo
Exactement comme vous, j'ai envie de relire les Misérables en entier, avec un autre regard!
(comme toi admin, j'ai beaucoup lu Zola pendant mon adolescence!!!)
Cosette était laide. Heureuse, elle eût peut-être été jolie... Cosette était maigre et blême. Elle avait près de huit ans, on lui en eût donné à peine six. Ses grands yeux enfoncés dans une sorte d’ombre profonde étaient presque éteints à force d’avoir pleuré. Les coins de sa bouche avaient cette courbe de l’angoisse habituelle, qu’on observe chez les condamnés et chez les malades désespérés. Ses mains étaient, comme sa mère l’avait deviné, « perdues d’engelures ». Le feu qui l’éclairait en ce moment faisait saillir les angles de ses os et rendait sa maigreur affreusement visible. Comme elle grelotait toujours, elle avait pris l’habitude de serrer ses deux genoux l’un contre l’autre.
Tout son vêtement n’était qu’un haillon qui eût fait pitié l’été et qui faisait horreur l’hiver. Elle n’avait sur elle que de la toile trouée ; pas un chiffon de laine. On voyait sa peau çà et là, et l’on y distinguait partout des taches bleues ou noires qui indiquaient les endroits où la Thénardier l’avait touchée. Ses jambes nues étaient rouges et grêles. Le creux de ses clavicules était à faire pleurer.
Toute la personne de cette enfant, son allure, son attitude, le son de sa voix, ses intervalles entre un mot et l’autre, son regard, son silence, son moindre geste, exprimaient et traduisaient une seule idée : la crainte. La crainte était répandue sur elle ; elle en était pour ainsi dire couverte ; la crainte ramenait ses coudes contre ses hanches, retirait ses talons sous ses jupes, lui faisait tenir le moins de place possible, ne lui laissait de souffle que le nécessaire, et était devenue ce qu’on pourrait appeler son habitude de corps, sans variation possible que d’augmenter. Il y avait au fond de sa prunelle un coin étonné où était la terreur.
Extrait des Misérables (Deuxième partie, Livre troisième, chapitre VIII) de Victor Hugo
Exactement comme vous, j'ai envie de relire les Misérables en entier, avec un autre regard!
(comme toi admin, j'ai beaucoup lu Zola pendant mon adolescence!!!)
bécassine- Messages : 2283
Date d'inscription : 27/05/2013
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
A notre époque ; nous l'aurions eu en placement la p'tite causette !!
paquerette- Messages : 406
Date d'inscription : 27/05/2013
Age : 52
Localisation : Paris
Re: Gavroche, extrait des Misérables de Victor Hugo
Mais elle était en placement .... chez la Thénardier!!!
Mal tombée!!!
Mal tombée!!!
bécassine- Messages : 2283
Date d'inscription : 27/05/2013
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